Bon, nous n’allons pas nous attarder sur la forme, elle est partout. C’est la grosse tache d’encre noire qui bave sur la plupart des journaux, magazines, livres. Même sur ceux qu’il n’y a pas si longtemps j’achetais encore. Ils me servent maintenant pour ma cabane au fond du jardin en complet accord avec l’endroit. C’est aussi le pixel saturé qui déforme les images de vos écrans plats. « Leurs coûts baissent, vive le pouvoir d’achat. Je me demande quel goût peut bien avoir un circuit intégré. C’est de la silice, à la base, donc le goût du sable. Du sable arrivant sans-papier sous les semelles de Kadhafi et avec lequel, notre empereur enterre à grandes pelletées les acquis sociaux, le droit du travail, la répartition par l’impôt, la protection sociale. Marianne en a jusqu’aux narines et l’on voit de plus en plus mal les fondamentaux de notre république : “liberté, égalité, fraternité”.
Le fond lui, c’est une tout autre affaire. «Quand l’empereur montre du doigt, Rolex au poignet, un horizon s’obscurcissant, le peuple a droit au gros plan sur les aiguilles diamantées.»
De la justice aux universités; de la santé aux retraites; du Code du travail aux impôts divers; on y applique un credo à l’unisson: “moins d’état, plus de privé.”
Or s’ il est des secteurs où effectivement l’état n’est pas la meilleure solution, ce n’est pas le cas pour les sujets ci-dessus. En effet, l’état garantit leurs bons fonctionnements, leurs accès aux plus démunis, une répartition équitable basée sur la solidarité.
Ces préceptes ne sont ni de gauche, ni de droites. Ils sont les règles pour toutes les sociétés équilibrées. Et dès lors qu’elles sont changées, les conséquences sont énormes et traversent toutes les couches sociales. Ne pas aider socialement les plus fragiles c’est à terme plus de violences, plus de délinquance.
Comment alors un panel politique aussi intelligent que Sarkozy et son gouvernement (je devrais dire “et son Sarkozy”) peuvent sans vergogne casser la machine?
Tout simplement, car cela sert son fond de commerce, sans lequel il n’aurait jamais été élu: la peur, l’insécurité distillée en permanence.
Sarkozy, qui prône la rupture, est en réalité dans la droite ligne des politiques économiques des hommes de droite arrivés au gouvernement ou à la tête de l’état après Charles de Gaulle. Accentuées dès la nomination de Jacques Chirac au poste de premier ministre sous Mitterrand, ces politiques ont connu des hauts et des bas, et reculé de temps à autre sous la pression de la rue.
Qu’elle en est la trame? En voici un exemple flagrant:
“la caisse primaire d’allocation maladie et de retraite déjà mise à mal par le chômage de masse, a vu son déficit plonger sous le gouvernement Juppé. Dans le même temps dans la presse politiquement correcte, on voyait apparaître des allusions au fait que la C.P. A. M. avait fait son temps, que son coût était bien trop élevé, et que le privé devait donc dans un premier temps être complémentaire et à terme concurrentiel. Mais après les premiers mois de l’arrivée de Lionel Jospin au poste de premier ministre, les comptes de la C.P. A. M. sont équilibrés et deviennent même bénéficiaires au terme de son mandat. C’est alors, qu’après l’épisode des élections de 2002 où l’on vit Le Pen arriver au second tour, les Français bien obligés de voter Jacques Chirac et donc revenir à la politique de Juppé, même si il avait mis le masque de Raffarin, ont vu les comptes de la sécurité sociale plonger à nouveau dans un abyssal déficit.”
Que nous raconte cette histoire?
Soit le gouvernement Jospin était meilleur que celui de Chirac, soit que par des jeux d’écritures et donc de manipulation de l’information, on voulait nous amener à considérer que le système de protection sociale en France n’était plus compétent et devait passé du public au privé. En accompagnant cela d’un discours culpabilisant sur les soi-disants profiteurs du système, rappelons au passage que les éxonérations accordées aux entreprises (dans les 60 milliards) sont facturées à la C.P.A.M. et n’ont permis la création que d’une part très marginale d’emplois. En stygmatisant systématiquement les assurés sociaux sur leur insousciance à vouloir se faire soigner, ils ont réussi à installer leur discours dans les pensées.
Et à ce jour, ce passage se ferait donc de vos prélèvements obligatoires vers des cotisations volontaires ne pouvant être versées que par les travailleurs ayant un salaire suffisant, à des assurances privées nous affirmant, que concurrence aidant, elles seront moins chers. Bon on a déjà vu comment leurs promesses ont été tenues dans le domaine de la privatisation de l’eau, plus récemment des autoroutes et dans pas longtemps de l’énergie… à terme ça coûte beaucoup, mais alors beaucoup plus cher. Assurances par ailleurs, qui sont aujourd’hui aux mains, via les conseils d’administration, des amis de Sarkozy.
Ce système qui fonctionne déjà aux États-Unis, voit les plus démunis n’avoir aucune protection sociale. Pas d’accès aux soins, pas ou presque de retraite au taux minimum pour ceux qui n’aurait pas, ou peu eu accès au marché du travail.
Ce système qui semble avoir les faveurs de Sarkozy, assure pourtant bien des rentrées d’argent pour les hôpitaux sur les côtes de la Manche. Ils voient arriver régulièrement des patients ayant les moyens de venir se faire soigner depuis l’Angleterre dans nos hôpitaux… public. Il paraît pourtant, d’après le discours ambiant que le privé est bien plus performant.
Ce qui se passe donc aujourd’hui, tout comme l’exemple ci-dessus nous le montre, est valable pour la justice, pour les universités, pour le Code du travail, pour nos retraites, nos soins, l’accès à l’éducation pour nos enfants, ce n’est rien de moins qu’un démantèlement de la République. Ce n’est rien de moins que la voie ouverte vers une société où les plus riches auront tous les privilèges, les plus pauvres plus rien du tout.