mercredi 21 janvier 2009

Un petit brin de paranoïa

Comme tout un chacun, il est des matins où à l’instant même où mes paupières s’entrouvrent pour laisser arriver la lumière du jour tamisée par les volets fermés, une pensée revient sans cesse tournoyer à fleur de conscience.

S’agit-il du constat d’analyse fournit par l’indigestion d’images, de mots ou d’actes accumulés au long de la journée, ingérés par mon subconscient. Un ramassis des idioties vues, lues ou entendues. Un trop plein de l’ère de l’information, en veux-tu en voilà, venus former les trames de fonds de mes rêves aussitôt oubliés au réveil. Si quelqu’un connait la réponse, merci de m’en faire part.

            Quoiqu’il en soit, au matin de ce jour grisâtre du 17 décembre 2008, juste au retour d’une tournée des réverbères avec Lili, ma gentille chienne, ce qui tournoyait dans mes pensées sans contour précis m’est apparue avec la clarté de l’ampoule halogène 1000 watts au fond d’une mine de charbon bientôt rouverte, même le dimanche. Cette idée à première vue farfelue, me laisse songeur sur mon état mental du moment. Je ferais un petit brin de paranoïa passager que je n’en serais pas étonné.

 

            Cela m’était déjà arrivé. Je me souviens qu’après avoir vu quelques vidéos sur l’attentat du 11 septembre et l’analyse qui en était faite, le souffle du complot chargé de l’haleine fétide de la manipulation m’embrouillait l’esprit. Il a fallu quelques jours à mon esprit cartésien pour reprendre le dessus, à moins que ce ne soit le déni d’une telle monstruosité. Si pour cet évènement se sont les images et leurs analyses, vraies ou fausses, qui m’ont emporté dans cet élan de « psychotage ». Aujourd’hui, c’est différent, c’est  une série d’actes apparemment sans aucun lien venus se télescoper dans mon esprit tortueux qui  accouche de ce que vous allez lire ci-dessous.

 

ROUND 1 « la crise » :

            Je ne vais pas m’éterniser sur la crise, tout et n’importe quoi a déjà été écrit dessus. Je n’en retiendrais que ce qui me semble essentiel personnellement. Partout dans le monde des milliards d’euros ont été trouvés pour sauver les petits copains ou les usuriers des états, qui sont parfois les mêmes personnes, travaillant pour les uns chez les autres ou inversement. Mais rien ou presque, pas un kopeck pour la justice sociale, voir bien au contraire. Les plans de relance sont en réalité  des reports de crédits pour les uns et des effets d’annonces pour le reste. De plus, alors qu’il nous faut impérativement sortir de l’ère du pétrole et accompagner le mieux possible les populations face aux changements climatiques, on nous ressort un vieux truc minable : « faire repartir la consommation » et donc rester sur nos positions qui sont, « après nous, le déluge ».

            Qui dit crise, dit mouvement sociaux, surtout si les agités de ce mouvement se sentent légèrement pris pour des cons. Hors si vous suivez l’actualité, vous aurez remarqué que ceux-ci se multiplient et même se durcissent. Par ailleurs, ils entrent en résonnance avec l’agitation qui secoue le secteur public face à son démantèlement. Et si vous et moi l’avons remarqué, c’est aussi le cas de Monsieur S. et de ses amis.

 

ROUND 2 « l’ultra-gauche » :

            Qui sont-ils, d’où viennent-ils, que veulent-ils? Avant de se poser ces questions, il faudrait commencer par se demander : ont-ils jamais existé ?

            En effet, en voilà des groupuscules bien pratiques. D’autant plus que nos services secrets, tellement efficace, devançant leurs actes, les surveillaient de près depuis plusieurs mois. Alors pourquoi ne les ont-ils pas interpellé en flagrant délit de détournement de caténaire en via ferrata, mais laisser faire pour ensuite les attraper à poils au saut du lit. Vicieux les agents des S.R…  Chacun imaginera ce qu’il veut sur ce sujet, mais le jour de leur arrestation, j’ai dit à ma compagne, elle peut en témoigner, « ça sent le barbouze ».

On aimerait que nos R.G. soit aussi efficace dans tous les domaines mais quand on voit le niveau de renseignements des carnets de leurs ex patron, on peut en douter. Par contre ces fameux carnets noirs nous expliquent pourquoi l’ultra-gauche s’est faite coincée le cul à l’air.

            Bref, vraie ou fausse cette histoire permet de remettre à la une, ce qui a fait le succès de Monsieur S. et ses amis, l’insécurité. La France a peur et on peut donc lui faire avaler n’importe quoi et monter d’un cran la répression. On peut dès lors envisager de mettre les enfants de douze ans en prison et surveiller de près les marmots turbulents à la crèche. Ca fera moins d’agents pour surveiller l’ultra-gauche, tant mieux pour elle.

 

ROUND 3 « le feu au tonneau de Diogène » :

            La population grecque, dans la lancée de sa jeunesse est encore mobilisée même si l'accouchement de la Dati à pris le pas dans l'actualité, ce qui s'est passée ce mois de décembre 2008 ne ressemble pas à un feu de paille mais bel et bien aux premiers sursauts d'une population qui n'en peut plus de payer les pots cassés d'une caste d'élus qui prennent les urnes pour des pots de chambre. Exaspérés les Grecs ? C’est peu de le dire. Entre les délocalisations, les privatisations du public au profit des amis, la casse du système éducatif, la réforme inéquitable des retraites, la corruption des anciens révolutionnaires, les magouilles des socialistes, le virage tout à droite des conservateurs au pouvoir, les scandales à répétitions, la pauvreté en augmentation, les crimes de la bourse, etc… Tient ça me rappelle un autre pays tout ça, mais lequel ??? Les enfants de Platon, de Socrate, de Diogène et d’un tas d’autres grands créateurs de la pensée humaine qui ont conceptualisé la démocratie sont à bout et le font savoir.

            Vous me direz, quel rapport avec nous ? D’abord les causes, car tous ce qui poussent la population grecque à réagir avec violence est aussi valable chez nous. Ensuite la peur que suscite cette peut-être « révolution » ou tout moins révolte, chez Monsieur S. qui a « le soucis de prévenir ce genre de situation dans notre pays. », ses amis, mais aussi chez les socialistes ou du moins ce qu’il en reste. Effectivement les télévisions, sous peine d’être encore plus décrédibilisées qu’elles ne le sont déjà par manque d’objectivité, nous ont passées en boucle les images de ces évènements. Cela pourrait donner des idées sur les façons dont les français, au passé violemment révolutionnaire, pourraient régler les mêmes problèmes qu’ils rencontrent quotidiennement.

 

ROUND 4 « où t’as mis les détonateurs ? » :

            Le gentil « Front Révolutionnaire afghan » voulait juste nous faire peur. Ca tombe bien, les journaux n’avaient pas grand-chose à nous raconter pour ce début de semaine  de la mi-décembre. Et là, interrogation… Si ce sont des islamistes, n’auraient-ils pas un peu trop consommé de leurs productions locales de pavot ? L’ultra-gauche aurait-elle frappé à nouveau ? L’extrême-droite aurait-elle eu des scrupules à détruire d’emblée l’un des temples de la consommation de la capitale pour faire plaisir à son Brice bien-aimé ? Est-ce l’acte de l’un des employés de ce grand magasin à mi-temps en colère contre le Medef qui bloque le nouvel accord paritaire de l’UNEDIC en réclamant une baisse des cotisations patronales, en voulant réduire de quatre mois à trente-deux jours l’indemnisation des plus de 50 ans, de cent-dix heures à quatre-vingt heures mensuel la durée des emplois à temps partiel cumulables avec une indemnité et en ne voulant accorder aux chômeurs de  moins de 26 ans, exclu du RMI, qu’un à-valoir de seulement 300 euros remboursable sur leurs futures cotisations ? qui peut savoir ?

            Une chose est sure, cet « attentat », permet de rehausser le niveau de sécurité dans toutes les grandes villes de France juste au moment où les situations sociales explosent. Et ils disent merci à qui Monsieur S. et ses amis ?

 

LE K.O. « juste un brin de paranoïa » :

            Comme je l’évoquais donc au tout début de ce long article, une pensée surgit des méandres de mon inconscient a suscité chez moi, un début d’émoi. Comme après le 11 septembre, je fais une petite crise de paranoïa. Voilà que je relie entre eux des évènements qui à priori n’ont aucun lien mais qui forment la trame d’une histoire qui pourrait bien s’écrire dans les semaines ou les mois prochains, qui sait ? Pour la résumée, je dirais que la peur a changé de camps.

Il y a  encore seulement quelques semaines, les cadres, les employés, les ouvriers, les chômeurs, les étudiants, les collégiens et même les enfants inconsciemment vivaient dans la peur du lendemain, ils savent aujourd’hui de quoi sera fait le futur proche que l’on pourrait qualifier de : « on est dans la merde ».

 Mais à cet éveil de conscience en répond un autre, celui des classes privilégiées. Tous ces affairistes qui naviguent de la spéculation aux grandes administrations en passant parfois par la case élection, (ce que ne peut faire la plus grande majorité de la population, une campagne électorale coute cher, hélas !) savent bien que lorsque l’on a rien à perdre, quand le désespoir est l’écume amère des jours sans fin, qu’en réponse aux justes réclamations il y a la fatale répression, alors le jour vient où il faut régler l’addition. Et dans le bilan de cette opération tous en auront laissé une caution, les responsables de cette dégradation comme les victimes de leurs agressions.